samedi 25 octobre 2014

Un chemin de fer peu désiré

“Le Conseil Municipal de Ceyzériat vient de voter, le 11 février 1866, une allocation de 12.000 francs pour le chemin de fer de Bourg à Nantua. Ce vote obtenu par l’insistance extrême du maire de Ceyzériat et du Préfet...est un malheur véritable pour cette commune...Les communes peuvent, s’il le faut, faire des sacrifices pour l’Etat qui en fait lui-même souvent pour elles, mais elles n’ont assurément pas à en faire pour des compagnies de spéculateurs aventureux, qui s’inspirent d’un tout autre sentiment que celui de l’intérêt public. La situation de la commune de Ceyzériat n’est pas bonne financièrement parlant.Elle a une dette de 15.000 francs qu’il est assurément au moins inutile d’augmenter par cette allocation...qu’il faudra augmenter d’une somme de 3.000 à 4.000 francs pour la valeur des terrains que le chemin de fer prendra sur ses biens communaux...
La commune de Ceyzériat n’ a, à ce chemin, aucun intérêt –loin de là-, les vins de Ceyzériat et du Revermont qu’il transportera, dit-on, dans la montagne seront soumis à la concurrence heureuse des vins du Midi. Ces vins moins bons que les nôtres, parce qu’ils sont plâtrés et malsains, sont toujours à 10 francs pièce plus bas que les nôtres et, indépendamment de cette raison de préférence, ils ont une coloration que recherchent les buveurs des campagnes. Ils seront donc toujours préférés par nos environs de la montagne...Aujourd’hui le train amène les vins du Midi en abondance et fournit au moins la moitié de la consommation de Bourg et des environs. S’il passe à Ceyzériat et s’élève à Nantua, il emportera beaucoup plus des vins du Midi que des vins de Ceyzériat et du Revermont. Ce transport que nous payerons si cher fera donc les affaires des marchands de vins du Midi et non les nôtres ...

Lettre extraite de l'ouvrage “Les Voies Ferrées du Haut-Jura et des Carpates” de Joseph BECU, qui relate, entre autres, les péripéties de la construction de notre voie de chemin de fer. Une lettre du 22 février 1866, donc avant qu’on ne parle de la passerelle (1869), y est publiée,  elle ne donne pas l’auteur,  le destinataire étant le Ministre de l’Agriculture.

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